26/03/2015

Extramuros

DON'T KNOW WHERE IT GOES OR WHERE IT LEADS
Une entreprise pour nous gouverner tous ?

De : Philippe Nicholson
Edition :  Kero (2015)
Pages : 352
Premières impressions : La couverture aux couleurs sombres est assez angoissante. On ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. La prise de vue invite le lecteur à suivre une aventure. La quatrième de couverture m'a surprise par un résumé original ! Il me tarde de commencer ce roman qui s'annonce déstabilisant et inédit.
Une chanson pour illustrer : It Doesn't Matter de Alison Krauss

CE QUE DIT LA 4EME DE COUVERTURE


Quand les entreprises auront pris le pouvoir, de quel côté du mur serez-vous ? Dans un monde confronté à de fortes chaleurs et à une pénurie d’électricité, des zones d'affaires se sont multipliées. Elles assurent le confort et la sécurité des employés de grandes sociétés, séparés par de hauts murs électrifiés du commun des mortels aux conditions de vie de plus en plus difficiles. Les zones d’affaires, s’accaparant énergie et richesse, sont vite devenues plus puissantes que les pays qui les accueillent. L’Espagne vient de leur céder une de ses régions pour y édifier le premier état-entreprise, Evergreen. Mais dans le monde, la révolte gronde et la résistance s’organise. Le jeune Max souhaite en faire partie. Il va être entraîné malgré lui dans un engrenage qui risque non seulement de bouleverser sa vie, mais de changer la face du monde. Devant la menace d’un monde gouverné par les entreprises, chacun va devoir se positionner et se confronter à sa propre vision de la résistance. Philippe Nicholson signe le polar politique du XXIe siècle.


MON AVIS




Un thriller épatant et inédit qui fait réfléchir..

Si demain se connecter à internet, brancher son grill pain devenait un luxe ? Consulter le médecin, un privilège ? Si, acheter une pile était presque acheter un écran plasma ? Que sommes nous sans ces technologies ? Jusqu’où va notre dépendance ?
Dans son roman d’anticipation, Philippe Nicholson s’interroge sur un monde qui fait froid dans le dos. Une terre où les entreprises gèrent notre société mais avant tout notre liberté. Un roman où le pouvoir de consommation n’existe pas, où la consommation appartient au pouvoir. Avec un principe cruel mais réaliste : vous n’êtes pas dans les zones entreprises, vous ne travaillez pas pour eux alors vous apprendrez à survivre à l’extérieur.

Cette dure réalité, c’est par choix que Fjord l’a fait. Pour lui, lire un roman sur une terrasse vaut mieux que le confort d’un centre commercial ouvert 24h / 24. La liberté n’a pas de prix, quitte à avoir peur au quotidien.
Cette vie marginalisée, son fils Max ne la partage pas. Dans la zone irlandaise où il vit avec sa mère, son fils unique mène une vie presque parfaite, dans l’inconscience générale. Mais cette réalité, le jeune homme la vit sans l’accepter complètement.
Aucun des deux hommes n’imagine qu’un simple séjour chez le paternel va prendre une tournure inattendue.
Max est un personnage qui m’a immédiatement séduit, il est perdu et s’interroge. Il n’est pas le héros de l’histoire mais il est certainement le plus honnête avec ses sentiments. Fjord est un homme marqué mais réfléchi, un personnage que j’ai apprécie au fur et à mesure.

Le pacifisme de ces zones n’est qu’une facette. Dans l’ombre, des hommes et un en particulier, travail sur un projet plus important : Evergreen, un nouveau pays sur le point d’être créé à la surprise générale des grands dirigeants de ce monde. Susan qui travaille pour le président des Etats-Unis doit elle se réjouir ou se battre ?
Ce petit bout de femme m’a immédiatement conquis, une main de fer dans un gant de velours. Sous ses airs fragiles, on se rend compte qu’elle n’a pas volé sa place dans le cercle intime du président.
La population mondiale est-elle prête à accepter ces changements ? Un peu partout sur la planète, des gens se révoltent, manifestent. D’autres comme Flynn se prépare depuis plusieurs mois, il est conscient qu’il n’a pas le droit à l’erreur. Un personnage qui m’a plus d’une fois surpris, qui m’a glacé le dos, son personnage évolue petit à petit. Un personnage qui apporte la dimension thriller du roman.

Extramuros est un roman qui interroge le lecteur et nous offre différents points de vue. Des deux cotés du pouvoir mais aussi des deux cotés des murs. Les personnages sont une force indéniable et ils représentent un bon échantillon des différentes personnalités que le lecteur s’attend à trouver dans ce genre de roman. Entre espoir que le projet aboutisse ou rêve qu’il échoue, nos héros vont devoir avancer parfois aveuglement mais parfois aussi en tout état de cause. Il n’y a pas de héros mais des hommes et des femmes.


Camille, journaliste depuis que les zones sont créées est un personnage complexe qui m’a plus d’une fois énervée pourtant on ne peut s’empêcher de la comprendre. Comme Ted, le représentant d’Evergreen : un homme qui aime le pouvoir, qui aime diriger. Un personnage très bien construit qui comme le mur, à quelques faiblesses.

Philippe Nicholson offre un roman très bien ficelé, d’une logique sans pareil. L’auteur se nourrit de l’environnement et nous offre une réalité plausible. Un roman qui fait réfléchir, qui tient le lecteur en haleine. Aucun personnage n’est là par hasard. Un roman qui m’a surpris par des révélations inattendues. Une manière inédite d’aborder la littérature, un ovni des librairies.
Le thème du roman nous pousse à l’interrogation. Est ce que notre futur doit passer par la servilité ? Un retour en arrière grâce aux entreprises, qui nous font vivre ? Philippe Nicholson frappe fort rien qu’ avec son sujet.

Extramuros est une très belle découverte malgré une fin qui n’est pas à la hauteur de l’ouvrage. La fin est presque trop banale et on s’attend à un final extraordinaire.
Une adaptation en série télévisée serait très intéressante et j’aurai aimé presque l’histoire continue en second tome.
Un roman que je conseille vivement et qui vous fera prendre conscience que l’on n’est pas complétement libre...

Un très grand merci aux éditions Kéro pour l’envoi de ce roman.



Bientôt le monde pourrait n'être plus qu'un désert de métal au milieu duquel surnageront les lacs artificiels des zones d'affaires, un monde sans âme, sans réalité, un parc d'attraction cauchemardesque.


11 commentaires:

C'est dommage pour la fin mais malgré ça, tu m'as donné envie de découvrir ce livre. Surtout que généralement les romans d’anticipation me plaisent. :)

Hou Hou, après une chronique comme celle que tu nous as produite comment dire non ? Alors ce sera oui, merci ! @Bientôt, Grybouille du "Léa Touch Book"


@Marie : Oui, vraiment je te le conseille ! Il est vraiment bien
@Grybouille : ah super ! J'attends ton avis maintenant ^^

Je ne sais pas s'il me plairait. En tout cas, il a l'air extrêmement original !

Whow, je ne connaissais pas du tout, mais là tu réveilles très nettement mon intérêt. C'est le genre de petite chose un peu un part qui me plaît bien. Même si c'est également le genre de futur qui me fait bien flipper. Je me le note donc. Merci pour la découverte.


@Sunset : j'avais envie de changer et je trouvais l'histoire vraiment originale ! Je ne regrette pas mon choix, un ovni dans les librairies !
@Gilwen : Oui, vraiment je pense qu'il ne faut pas avoir peur de le lire ! J'ai vu qu'un roman le précède, je suis curieuse de le découvrir !

Je n'avais pas du tout repéré ce thriller et il me tente beaucoup maintenant ^^

Je ne peux que te le conseiller il est super !

Je ne connaissais pas, mais je note! Suis très curieuse de le découvrir!

Oui une très belle découverte !

C'est grâce à ce roman que je découvre votre blog... j'ai terminé "Extramuros" hier soir, et c'est du bon! Je l'ai trouvé captivant, à la façon d'un roman à l'américaine, et il y a là-dedans quelques thèmes d'une profonde actualité. Bonne fin de soirée!